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fille la prendra pour épouse, sans pouvoir jamais la répudier dans tous les jours de sa vie. » Que si le mariage contracté par violence demeure, à plus forte raison le mariage volontaire, comme le veut le témoignage de la prophétie : « Tu ne mépriseras point la femme de ta jeunesse. » Tu as donc un Christ qui marche partout et de plein gré sur les pas du Créateur, qu’il autorise ou prohibe le divorce. Tu as de plus un protecteur du mariage, de quelque côté que tu cherches à échapper, soit qu’il maintienne le mariage en défendant le divorce, soit qu’il permette la séparation pour rompre un mariage souillé. Rougis donc de ne pas unir ceux que ton Christ lui-même a unis. Rougis encore de les désunir hors du cas où ton christ lui-même a voulu les désunir. Où le Christ a-t-il pris cette défense ? Quel en était le but ? Il me reste à le démontrer. Par là, il deviendra plus manifeste qu’il n’a pas voulu détruire la loi de Moïse, en interdisant tout à coup le divorce, puisque cette défense, au lieu d’arriver soudainement, avait sa racine dans les souvenirs du Précurseur. Hérode, au mépris de la loi, qui ne permettait le mariage qu’autant que le frère mourait sans enfants, afin que le survivant donnât au défunt une postérité, avait épousé la veuve de son frère à laquelle ce dernier avait laissé une fille. Jean lui reprocha énergiquement sa prévarication ; il fut jeté dans les fers et bientôt après décapité. Le Christ, en rappelant donc le souvenir de Jean, et de sa mort, appliquait à Hérode la flétrissure des mariages illicites et de l’adultère. Il déclarait adultère, même celui qui épousait une femme répudiée par son mari, afin de censurer d’autant mieux l’impiété d’Hérode, qui avait épousé une femme répudiée par la mort non moins que par le divorce, et dont son frère avait eu une fille, union illégitime par conséquent, ne fût-ce qu’à ce litre ; qui l’avait épousée pour obéir aux instincts de la passion et non aux conseils de la loi ; qui, enfin, avait immolé le prophète défenseur de la loi. Dans cette