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sa femme pour en épouser une autre, « Quiconque renvoie sa femme et en épouse une autre, dit-il, commet un adultère. Quiconque épouse celle que son mari a répudiée, commet également un adultère. » Toujours par le même motif qui ne permet pas la répudiation pour épouser une autre femme. Car épouser une femme illicitement congédiée, encore liée à son mari par conséquent, c’est être adultère. En effet, tout mariage subsiste qui n’a point été dissous légitimement. Se marier quand le mariage subsiste, c’est l’adultère. S’il a défendu conditionnellement de renvoyer son épouse, il ne l’a pas défendu absolument. Une défense qui n’est pas absolue permet en d’autres circonstances, lorsqu’a disparu le motif de la prohibition. Dès-lors plus rien qui contredise la doctrine de Moïse, dont il conserve en partie le précepte, je ne dis pas encore qu’il le confirme intégralement.

Ou bien non, ton christ interdit absolument le divorce, de quel droit alors détruis-tu le mariage, soit en refusant d’unir l’homme et la femme, soit en excluant du sacrement du baptême, et de l’eucharistie les deux époux, à moins que par un pacte réciproque ils n’aient conspiré contre les fruits du mariage, autant que contre le Créateur lui-même ? À la bonne heure ! Mais que fait le mari chez toi lorsque son épouse est adultère ? La gardera-t-il ? Mais ton apôtre lui-même, tu le sais, ne permet pas d’unir à une prostituée les membres du Christ. La répudiation, juste dans certaines circonstances, trouve donc un défenseur dans le Christ. Dès lors il confirme la loi de Moïse qui défend le divorce au même titre que mon Dieu, c’est-à-dire « si la femme s’est rendue coupable de fornication. » Car je lis dans l’évangile de Matthieu : « Quiconque renvoie sa femme, hors le cas de fornication, la pousse à l’adultère ; et qui épouse la femme renvoyée est adultère. »

D’ailleurs, hormis le cas d’adultère, le Créateur ne sépare jamais non plus ce qu’il a uni lui-même, témoin la déclaration de Moïse : « L’homme qui a fait violence à la jeune