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C’était confirmer que sa prédiction sur Jean-Baptiste n’avait pas été vaine.

XXXIV. —Mais le Christ défend le divorce, en disant : « Quiconque renvoie sa femme et en épouse une autre, commet un adultère. Quiconque épouse celle que son mari a répudiée, commet également ; un adultère. » Pour empêcher ainsi le divorce, il déclare illégal le mariage de l’épouse répudiée. Dans le Deutéronome, au contraire, Moïse permet le divorce. « Si un homme prend une femme, la possède, et qu’ensuite, par quelque fornication, elle lui inspire dû dégoût, il fera un écrit, de répudiation, et l’ayant mis entre les mains de cette femme, il la renverra hors de sa maison. » Vous le voyez, la loi et l’Evangile, Moïse et le Christ se contredisent.

— Sans doute ; car tu n’admets pas l’Evangile de la même vérité, ni du même Christ, où l’Homme-Dieu, en prohibant le divorce, a résolu la difficulté présente. « Moïse, dit-il, vous a permis, à cause de la dureté de votre cœur, de donner à votre femme un acte de répudiation ; mais, au commencement, il n’en était pas ainsi. Celui qui avait créé l’homme et la femme leur avait dit : Ils seront deux dans une seule chair : que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a joint. » Par cette réponse, il sanctionnait l’institution de Moïse, comme d’un serviteur à lui, et il ramenait à sa pureté primitive l’institution du Créateur, en qualité de son Christ.

Mais puisqu’il faut te convaincre par les Ecritures que tu admets, je me place sur ton terrain, et j’adopte ton christ. N’est-il pas plus probable qu’en défendant le divorce, au nom du Père qui, le premier, unit l’homme et la femme, il excusa plutôt qu’il n’abolit l’institution de Moïse ? Toutefois, que le Christ soit le tien, s’il enseigne une doctrine contraire à celle du Créateur et de Moïse, de même qu’il sera le mien, si je prouve sa conformité avec eux. Je soutiens donc que sa défense du divorce n’est maintenant que conditionnelle, dans le cas où un mari répudierait