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se convaincre du refus de convives qu’il n’a jamais invités autrefois, et auxquels il ne fait que de s’adresser ; ou bien s’il estime d’avance qu’ils mépriseront ses invitations, il a donc anticipé sur leurs outrages eh leur substituant les Gentils. Sans doute il doit descendre une seconde fois pour prêcher son Evangile aux nations. Oui, il viendra ; mais non pas, j’imagine, pour appeler les convives à son festin, mais pour y marquer leur place. En attendant, toi qui expliques l’invitation à ce banquet par l’abondance et les délices spirituelles du banquet céleste, souviens-toi aussi que les promesses de la terre, le vin, l’huile, le froment, et cette cité elle-même, sont figurées par le Créateur dans les promesses spirituelles.

XXXII. Cette drachme, cette brebis égarée, qui la cherche ? N’est-ce pas celui qui l’a perdue ? Qui l’a perdue ? N’est-ce pas celui qui la possédait ? Qui l’a possédée ? sinon celui dont elle était la légitime propriété ? Si donc l’homme est le domaine de son Créateur, et de nul autre que lui, celui-là le possédait, qui en avait la légitime propriété ; celui qui l’a perdu, c’était son possesseur ; celui qui l’a cherché, c’est celui qui l’avait perdu ; celui qui l’a trouvé, c’est celui qui l’a cherché ; celui qui a tressailli d’allégresse, c’est celui qui l’a trouvé. Ainsi, dans l’une et l’autre parabole, pas un mot qui ne soit contradictoire appliqué au Dieu qui n’est le propriétaire ni de la brebis, ni de la drachme, c’est-à-dire de l’homme. Qui ne possédait pas, n’a rien perdu ; qui n’a rien perdu, n’a rien cherché ; qui n’a rien cherché, n’a rien trouvé ; qui n’a rien trouvé, n’a pu tressaillir d’allégresse. Qui donc se réjouira du repentir du pécheur, c’est-à-dire de retrouver le bien qu’il avait perdu ? Qui ? celui qui déclara formellement autrefois « qu’il préfère à la mort du pécheur son repentir. »

XXXIII. Quels sont les deux maîtres que, suivant lui, nous ne pouvons servir à la fois, parce qu’il faut nécessairement mépriser l’un et honorer l’autre ? Il nous le déclare lui-même, « en nous mettant sous les yeux Dieu et Mammon. »