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il ordonne qu’on aille recueillir les convives sur les places publiques et les carrefours.

Voyons si ce n’est pas dans ce même sens qu’il s’écria autrefois par la bouche de Jérémie : « Suis-je devenu pour la maison d’Israël une solitude, ou bien une terre abandonnée et sans culture ? » Qu’est-ce à dire ? n’ai-je pas qui choisir et où choisir, puisque mon peuple m’a répondu : « Nous ne viendrons pas à toi. » Voilà pourquoi il envoya inviter d’autres convives de la même cité ; puis, comme il restait de la place, il ordonne qu’on aille recueillir le long des routes et des haies, qui ? nous enfants de la Gentilité. Il ressentait alors ces mouvements jaloux consignés dans le Deutéronome : « Je leur cacherai ma face, et leur montrerai leur fin, » c’est-à-dire leur place occupée par d’autres, « parce qu’ils sont une race perverse et des enfants infidèles. Ils m’ont provoqué par des dieux qui n’en sont pas, ils m’ont irrité par leurs vaines idoles. Et moi, je les provoquerai avec un peuple qui n’est pas le mien ; oui, je les irriterai avec un peuple insensé. » Il les irritera dans nous, dont les Juifs portent l’espérance, et « à laquelle, dit le Seigneur, ils ne goûteront pas, car la fille de Sion a été abandonnée comme la hutte après la saison des fruits, comme une cabane dans un champ de concombres, » depuis qu’elle a fermé l’oreille à la dernière invitation du Christ.

Je le demande, dans ces dispositions et ces prophéties du Créateur, ainsi rapprochées, en est-il une seule qui puisse convenir à qui ne possède ni disposition préparatoire ni succession de temps pour s’accorder avec la parabole, et qui a fait toute son œuvre d’un seul coup ? Ou bien quelle sera sa première vocation ? où est son second avertissement ? Les uns doivent d’abord s’excuser, les autres arriver ensuite. Maintenant, au contraire, il vient inviter à la fois les premiers et les seconds convives, dans la cité, dans les carrefours, sur les places publiques, le long des haies, contre l’intention de la parabole ; il ne peut d’ailleurs