Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/284

Cette page n’a pas encore été corrigée

lorsqu’il devrait les accueillir, ne fut-ce que pour soulever la colère de son rival ? Il y a mieux. Ou le Dieu pacifique qui bannit les pervers de sa présence, sait que le Créateur les retiendra dans les supplices ; ou il l’ignore. Donc, ou ils seront retenus malgré sa volonté, et alors il est inférieur au Dieu qui les retient, puisqu’il lui cède contre son gré ; ou bien, s’il veut qu’il en soit ainsi, c’est lui qui a ordonné ces supplices, et alors, il ne vaut pas mieux que le Créateur, auteur lui-même de l’infamie qui rejaillit sur le Créateur. Si la supposition d’un Dieu qui punit et d’un Dieu qui délivre ne peut soutenir l’examen, jugement et royaume appartiennent à un seul et même Dieu ; si l’un et l’autre appartiennent à un seul et même Dieu, le Dieu qui juge est donc le fils du Créateur.

XXXI. Quels convives appelle-t-il à son festin ? ceux qu’il avait désignés parla bouche d’Isaïe : « Partagez votre pain avec celui qui a faim, recevez sous votre toit l’indigent qui n’a point d’asile, » tous ceux enfin « qui ne peuvent pas rendre les services qu’on leur a rendus. » Si le Christ défend de rechercher ici-bas cette reconnaissance qu’il promet au jour de la résurrection, j’y retrouve encore les errements du Créateur, auquel déplaisent les hommes qui « courent après les présents et attendent un salaire. » Examine ensuite auquel des deux convient mieux la parabole de celui qui invite. « Un homme prépara un grand festin, et invita beaucoup de monde. » Ces préparatifs figurent déjà l’abondance de la vie éternelle. Je remarque d’abord que l’on n’invite point d’ordinaire à un festin des étrangers ni des hommes avec lesquels on n’a aucun lien de parenté, mais plutôt ceux qui logent dans la maison, et les amis. Au Créateur donc d’inviter des convives qui lui appartenaient, du côté d’Adam, parce qu’ils étaient hommes ; du côté de leurs pères, parce qu’ils étaient Juifs ; mais non à ce Dieu auquel ils n’appartenaient ni par nature ni par adoption. Ensuite, si celui