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sait que vous en avez besoin, » de quel père le Christ veut-il parler, demanderai-je d’abord ? De leur Créateur ? alors il affirme sa bonté, puisqu’il connaît les besoins de ses enfants. De l’autre Dieu ? comment saura-t-il que le vivre et le vêtement sont nécessaires à l’homme puisqu’il n’a rien accordé de pareil ? S’il l’avait su, il l’eût accordé. D’ailleurs, s’il sait ce qui est nécessaire à l’homme sans y pourvoir, il s’y refuse ou par malice, ou par impuissance. Or, déclarer que tout cela était nécessaire à l’homme, c’était dire que tout cela était bon, le mal n’étant pas nécessaire. Dès-lors, il n’est plus le déprédateur des œuvres et des miséricordes du Créateur, pour donner ici la réponse que j’ai différée tout à l’heure. Or, si c’est un autre qui a prévu et qui accorde les choses qu’il sait nécessaires à l’homme, comment le dieu de Marcion me les promet-il de son côté ? Il est donc libéral du bien d’autrui ? « Cherchez d’abord le royaume de Dieu, et tout le reste vous sera donné par surcroît. » Par lui-même apparemment ? Mais si je le reçois de ses mains, de quel nom appeler celui qui me promet le bien d’autrui ? Si le reste est un surcroît ajouté au royaume, il ne tient que la seconde place : la seconde place appartient à qui appartient la première ; le vivre et le vêtement appartiennent à qui appartient aussi le royaume. Ainsi promesses, paraboles, comparaisons, toutes émanent du Créateur, puisqu’elles ne concernent d’autre dieu que celui auquel elles se rapportent dans tous leurs points. Nous sommes ses serviteurs, car nous avons Dieu pour maître. « Nous devons ceindre nos reins, » c’est-à-dire marcher librement et dégages des mille entraves qui embarrassent la vie ; « avoir à la main des lampes allumées, » c’est-à-dire tenir nos cœurs allumés par la foi et brillants des œuvres de la vérité ; puis, dans cette attitude, « nous tenir prêts pour l’arrivée du Seigneur, » c’est-à-dire du Christ. D’où vient le Christ ? Des noces ? Il est donc le Fils du Créateur qui a institué le mariage. S’il n’est pas l’envoyé du Créateur, Marcion lui-même, en voyant