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seront-ils ? » De même enfin ce roi qui se glorifia devant les Perses de ses trésors et de ses délices, entendit l’anathème d’Isaïe.

XXIX. Qui nous défendrait de nous inquiéter, pour notre vie, de ce que nous mangerons, pour notre corps, où nous trouverons des vêtements, sinon ce Dieu qui a pourvu d’avance à nos besoins ; qui, l’œil toujours ouvert sur nous, réprime ces vaines sollicitudes comme un outrage à sa libéralité ; qui a préparé la substance de cette ame meilleure que les aliments, et façonné la nature de ce corps meilleur que le vêtement ? Les corbeaux ne sèment, ni ne moissonnent, ils n’ont ni grenier, ni cellier, et cependant ils sont nourris par ses soins ; les lis ne travaillent ni ne filent, et cependant ils sont vêtus par lui-même. Salomon, dans toute sa magnificence, n’est pas plus magnifiquement paré que la plus humble de ses fleurs. Au reste, rien qui heurte si violemment la raison que deux dieux dont l’un dispense les dons, tandis que l’autre ordonne d’être tranquille sur cette dispensation, surtout quand cet autre est un ennemi. Enfin, est-ce pour décrier le Créateur qu’il nous interdit ces sollicitudes dont ne s’inquiètent ni les corbeaux ni les lis, pour des aliments qui s’offrent d’eux-mêmes, grâce à leur abondance ? Nous le verrons tout à l’heure.

En attendant, pourquoi les appelle-t-il avec reproche « des hommes de peu de foi ? » De quelle loi s’agit-il ? De celle qu’ils ne pouvaient manifester dans sa plénitude à un Dieu encore voilé, puisqu’à peine avaient-ils appris à le connaître, ou de celle qu’ils devaient au Créateur, en croyant qu’il fournit de lui-même ces aliments aux hommes, et qu’ils n’ont pas à s’en inquiéter ? Car, quand il ajoute : « Les païens cherchent toutes ces choses, » faute de croire à un Dieu créateur et conservateur, il reprochait à ses disciples qu’il avertissait de ne pas ressembler aux nations, leur peu de loi dans ce même Dieu qu’outrageait l’incrédulité des nations. Or, quand il ajoute encore : « Votre Père