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l’Esprit lui inspira sur l’heure, il avait déclaré auparavant aux envoyés du roi, et bientôt après devant le roi lui-même, qu’il proférerait les paroles que Dieu lui mettrait sur les lèvres. Les voilà ces nouveaux enseignements d’un Christ nouveau, que les serviteurs du Créateur consacrèrent autrefois !

Mais Moïse et le Christ vont se contredire. Moïse sépare deux Hébreux qui se querellent, et apostrophe l’agresseur : « Pourquoi frappes-tu ton frère ? » Celui-ci le repousse : « Qui t’a établi juge et prince au-dessus de nous ? » Le Christ, au contraire, supplié par un homme de la foule de partager entre son frère et lui l’héritage qu’ils se disputaient, refusa son arbitrage, et cela dans une cause si légitime ! il est donc meilleur que ton Christ, mon Moïse, appliqué à réconcilier les frères et à prévenir l’injustice. Mais je te comprends. Ce christ était le fils du Dieu débonnaire, et non du Dieu vengeur, « Qui m’a établi, dit-il, voire arbitre et votre juge ? » Il n’a pu trouver d’autres fermes pour s’excuser, sans recourir aux paroles par lesquelles un homme cruel et un frère dénaturé repoussaient le défenseur de la justice et de la miséricorde. Enfin-, il approuva cette réponse cruelle en la répétant ; en refusant de réconcilier deux frères, il souscrivit à la mauvaise action. Ou plutôt, n’aurait-il pus supporté avec indignation que Moïse eût été repoussé par cette réplique ? N’aurait-il pas voulu confondre dans un même souvenir les deux frères qui se disputaient pour la même cause ? Oui, il en va ainsi. C’était lui-même qui était présent dans Moïse, quand il recevait cet affront, lui, Esprit du Créateur.

Je crois avoir suffisamment établi ailleurs que la gloire des richesses est condamnée par notre Dieu « qui relève l’indigent de son fumier et précipite de leur trône les grands de la terre. » De lui viendra donc aussi la parabole du riche qui s’applaudit du revenu de ses terres, et à qui Dieu dit : « Insensé, cette nuit même, on te redemandera ton aine ! Les trésors que tu as amassés, à qui