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la puissance pour tirer vanité des hommages d’autrui, puisqu’il a défendu d’attendre ces hommages, et de s’appuyer sur un bras de chair, la censure de l’orgueil et de l’ambition est partie du même Dieu. Il s’élève contre les docteurs de la loi eux-mêmes qui « chargeaient les autres de fardeaux que ceux-ci ne pouvaient porter et auxquels eux-mêmes n’avaient pas le courage de toucher du bout du doigt ; » non pas qu’il songe à décrier ces fardeaux de la loi, comme s’il l’avait en aversion ! Le moyen de supposer l’aversion à qui reproche de négliger les préceptes fondamentaux de la loi, l’aumône, la justice, l’amour de Dieu, bien plus importants que « la dîme de l’aneth et du cumin, ou la propreté des vases ? » D’ailleurs, il eût excusé plutôt ceux qui portaient des fardeaux au-dessus de leurs forces. A quels fardeaux en veut-il donc ? A ceux qu’ils ajoutaient de leur propre fonds, en prêchant la doctrine de l’homme pour favoriser leurs propres intérêts, « joignant des maisons à des maisons nouvelles pour dépouiller le prochain, soulevant les clameurs du peuple, aimant les présents, recherchant un salaire, déniant la justice au pauvre, faisant violence à l’orphelin et à la veuve. » Le même Isaïe dit encore à leur sujet : « Malheur à vous, qui êtes puissants à Jérusalem ! » Et ailleurs : « O mon peuple, ceux qui t’appellent heureux, le trompent. » Qui sont ces oppresseurs, sinon les docteurs de la loi ? S’ils déplaisaient au Christ, ils lui déplaisaient comme des hommes qui étaient à lui. Il n’aurait pas adressé ses reproches aux docteurs d’une autre loi.

Mais pourquoi encore cet anathème : « Malheur à vous, qui bâtissez des tombeaux aux prophètes, après que vos pères les ont fait mourir ! » dignes plutôt de louanges ou attestant, par ces monuments de la piété, qu’ils désavouaient les crimes de leurs pères ; pourquoi, si mon Dieu n’était pas « le Dieu jaloux, » comme l’en accusent les Marcionites, « et poursuivant l’iniquité des pères jusque sur