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plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et la gardent ! » C’est dans ce sens qu’il avait repoussé tout à l’heure sa mère ou ses frères, en leur préférant des cœurs dociles et soumis à Dieu. Sa mère n’était pas non plus auprès de lui dans ce moment. Tant il est vrai qu’il ne l’avait pas plus reniée autrefois que dans cette circonstance ; seulement la félicité que l’on accordait aux entrailles qui l’avaient porté, au sein qui l’avait nourri, il l’a reporte sur les disciples fidèles. S’il n’avait pas eu de mère, aurait-il pu transférer ses droits ?

XXVII. J’aime mieux venger plus tard le Créateur des accusations des Marcionites. Il me suffit ici que ces faiblesses se rencontrent dans le Christ. Il est inconstant, versatile, capricieux. Il enseigne une chose et en fait une autre ; il prescrit « de donner à quiconque demande, et lui-même refuse un prodige à qui en demande. » Il cache aux hommes pendant des milliers d’années sa lumière, et il veut qu’au lieu de cacher notre lampe, nous la mettions sur le chandelier, afin qu’elle luise pour tous. Il défend de répondre à la malédiction par la malédiction, et plus encore de commencer à maudire ; et il répète coup sur coup : Malheur aux Pharisiens ! Malheur aux docteurs de la loi ! Qui donc ressemble si exactement à mon Dieu, sinon son Christ ? Nous avons établi plus d’une fois qu’on ne pouvait l’accuser d’avoir anéanti la loi, s’il n’avait pas proclamé un autre Dieu. Aussi le pharisien qui l’avait invité à dîner, se demandait-il à lui-même, pourquoi il ne s’était pas lavé avant de se mettre à table, suivant les prescriptions de la loi, puisqu’il prêchait le Dieu de la loi. Mais Jésus lui expliqua le sens de ces prescriptions : « Vous autres, vous nettoyez avec soin les dehors du plat et de la coupe ; mais au dedans vous êtes pleins de rapines et d’iniquité. » Il voulait que la pureté du vase avertît l’homme d’être pur devant Dieu, puisque les préoccupations du pharisien portaient sur l’homme, et non sur une coupe qui n’avait pas été lavée. Aussi leur dit-