Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/268

Cette page n’a pas encore été corrigée

consignée plus haut, fait-elle de l’homme qui va demander des pains pendant la nuit, un ami et non un étranger, frappant à la porte d’un ami et non d’un inconnu. Car cet ami a beau avoir offensé son Dieu, il est bien plus l’homme du Créateur que du dieu de Marcion. Il va donc frapper à la porte de celui sur lequel il a des droits, dont il connaît la porte, qu’il sait avoir des pains et qui est couché au milieu d’enfants dont il a voulu la naissance. Il frappe à la porte le soir ; c’est le temps du Créateur. Le soir appartient à qui appartiennent les siècles et la fin des siècles, Mais qui eût frappé à la porte d’un dieu nouveau qui ne faisait que d’apparaître ? C’est le Créateur qui ferma longtemps aux nations une porte à laquelle heurtaient les Juifs ; le Créateur qui se lève, et donne, sinon comme à un ami, du moins non pas comme à un étranger, mais, suivant sa parole elle-même, à un importun. Quelle importunité put avoir si promptement à endurer ton dieu récent ? Reconnais donc ici encore le Père que lu nommes avec nous le Créateur. À lui de connaître les besoins de ses enfants. Demandent-ils du pain ? il leur envoie la manne du ciel. Désirent-ils des viandes ? il leur envoie des cailles, mais « non un serpent au lieu d’un poisson, ni un scorpion au lieu d’un œuf. » Il n’appartient qu’au maître du bien et du mal de ne pas donner l’un pour l’autre. D’ailleurs le dieu de Marcion, n’ayant point de scorpion à lui, ne pouvait dire qu’il ne donnerait pas ce qui n’était pas en sa possession, tandis que celui qui a des scorpions, n’en donne pas.

Par la même raison, celui-là communiquera l’Esprit saint qui commande aussi à l’esprit impur. Comme il avait chassé un démon muet, afin d’accomplir la prédiction d’Isaïe par cette espèce de guérison, on disait de lui qu’il chassait les démons par Béelzébub. « Si je chasse les démons par Béelzébub, leur répondit-il, par qui vos enfants les chassent-ils ? » Pouvait-il mieux déclarer qu’il chassait les démons au nom de celui par qui les chassaient