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produit en ma faveur un grain de millet, ou celui qui nourrit tous les jours son peuple du pain des anges descendu des cieux ? Qui remettra mes péchés ? Celui qui ne les juge ni ne les retient, ou bien celui qui, outre la faculté de les remettre, les retient et les juge ? Qui permettra que nous ne tombions point dans la tentation ? Le Dieu devant lequel le tentateur ne pourra jamais trembler, ou bien celui qui dès l’origine a condamné d’avance l’ange tentateur ? Invoquer avec ces formules tout autre Dieu que le Créateur, c’est l’insulter au lieu de le prier. Conséquemment, à qui demanderai-je pour recevoir ? Auprès de qui chercherai-je pour trouver ? A quelle porte frapperai-je pour qu’il me soit ouvert ? Qui a le droit de donner au suppliant, sinon le possesseur de toutes choses, et dont je suis le domaine, moi suppliant ? Et qu’ai-je donc perdu auprès de ce Dieu indigent, pour que j’aie à le chercher et à. le trouver auprès de lui ? La sagesse ? la prudence ? C’est le Créateur qui les cache ; c’est donc chez lui que je les chercherai. Le salut ? la vie ? Ils sont encore dans les mains du Créateur. On ne cherche un trésor que là où il a été enseveli pour apparaître un jour. Je ne frapperai qu’à la porte qui s’est déjà ouverte pour moi. Enfin, si recevoir, trouver, être admis sont le fruit du labeur et des instances du suppliant qui a demandé, cherché, heurté sans relâche, reconnais-le ? tout cela n’est ordonné et promis que par le Créateur.

En effet, ton Dieu débonnaire, venant de lui-même au secours de l’homme qui n’est pas son ouvrage, ne lui aurait imposé ni fatigues, ni insistance. II cesserait d’être le Dieu parfaitement bon, s’il ne prévenait mes besoins avant que je les lui expose, s’il ne m’ouvrait la porte avant que je frappe. Il n’en va pas de même du Créateur. Il a pu imposer ces conditions par son Christ, afin que l’homme, après avoir offensé Dieu par sa volonté, condamné à une laborieuse expiation, reçût à force de demander, trouvât à force de chercher, entrât à force de heurter. Aussi la comparaison,