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que ces paroles découlent de ce qui précède : tant il est vrai que personne ne connut Dieu comme il convenait, puisque les prophètes eux-mêmes n’avaient pas vu les merveilles du Christ. Car si le Christ n’était, pas le mien, il n’aurait pas non plus rappelé les prophètes dans celle circonstance. Qu’y avait-il d’étonnant en effet qu’ils n’eussent pas vu les œuvres d’un Dieu inconnu, qui ne se révélait qu’après tant de siècles ? D’autre part, quel eût été le bonheur de ceux qui voyaient alors des prodiges que d’autres n’avaient pu voir, s’ils n’avaient pas obtenu la faveur de contempler des choses qu’ils n’avaient jamais annoncées, sinon parce qu’ils avaient pu voir des merveilles que les prophètes avaient annoncées sans les voir ? Ce bonheur sera donc d’avoir vu ce que d’autres n’avaient fait que prédire. Enfin nous montrerons, et, déjà nous avons montré, que les merveilles accomplies dans le Christ étaient celles qu’avaient signalées les prophètes, et que si quelques secrets furent dérobés aux prophètes eux-mêmes, c’était pour cacher entièrement « les mystères de Dieu aux sages du siècle. »

Dans l’Evangile de la vérité, un docteur de la loi aborde le Seigneur : « Maître, dit-il, que dois-je faire pour posséder la vie éternelle ? » Dans celui de l’hérésie, on a effacé éternelle, afin que le docteur semble avoir consulté le Christ sur cette vie dont le Créateur promet la prolongation dans sa loi, et le Seigneur lui avoir répondu conformément à la loi : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute Ion âme et de toutes tes forces, » puisqu’il n’était interrogé que sur les conditions de cette vie. Mais le docteur savait bien à quel titre il obtiendrait la vie promise par la loi, sans avoir besoin de s’éclairer sur une loi dont il enseignait les ordonnances. Toutefois au milieu de ces morts ressuscites par le Christ, ressuscité lui-même à l’espérance de la vie éternelle par ces résurrections miraculeuses, il le consulte sur les moyens d’obtenir la vie éternelle, dans la crainte que de plus sublimes espérances n’