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dans les intérêts du Créateur, en publiant ses œuvres.

— Il ne le faisait, me dis-tu, que pour les détruire en les manifestant ?

Mais alors pourquoi ne pas les manifester à ceux dont le Créateur avait fermé les yeux, aux sages et aux prudents du siècle ? S’il était dirigé par la bonté, il devait appeler au bienfait de cette révélation ceux qui en avaient été exclus, et non les petits enfants auxquels le Créateur n’avait rien envié.

Quoi qu’il en soit, nous croyons avoir prouvé que jusqu’ici le Christ a réédifié la loi et les prophètes bien plus qu’il ne les a détruits. « Toutes choses m’ont été confiées par mon Père, » dit-il. D’accord, s’il est le Christ du Créateur auquel appartiennent toutes choses. Le Créateur n’a pu confier à un Fils inférieur à lui-même l’universalité des choses qu’il a créées par ce même Fils, c’est-à-dire par son Verbe. Si c’est un dieu étranger, quelles sont toutes ces choses qu’il a reçues du Père ? Sont-elles les œuvres du Créateur ? Donc les choses que le Père confia au Fils sont bonnes ; donc il est bon le Créateur dont toutes les œuvres sont bonnes ; donc, par opposition, il est méchant celui qui envahit le bien d’autrui au profit de son Fils, et contrairement à sa propre loi qui dit : « Tu ne déroberas point. » Dieu indigent d’ailleurs, qui n’a d’autre moyen de doter son Fils que le vol et l’insurpation ! Ou bien, n’a-t-il rien reçu du Père qui provienne du Créateur ? Alors de quel droit s’arroge-t-il la propriété de l’homme, œuvre du Créateur ? Passe encore pour l’homme ; mais l’homme n’est pas à lui seul toute la création. Or, l’Ecriture m’apprend que toutes choses ont été remises au Fils. Que si, par ce mot, tu veux entendre l’espèce humaine en général ou l’universalité des peuples, le Créateur lui seul a pu les remettre entre les mains de son Fils : « Je te donnerai les nations pour héritage et la terre pour empire, » dit-il. Ou si ton Dieu possède quelque domaine qu’il livre entièrement à son Fils, et où