Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/259

Cette page n’a pas encore été corrigée

vengeance, dans quel but ce témoignage, sans signification, s’il ne renferme une menace ? Or, j’ouvre le Deutéronome du Créateur. J’y lis que l’Ammonite et le Moabite n’entreront jamais dans l’assemblée du Seigneur, parce qu’ils ont frustré son peuple de l’eau et du pain de l’hospitalité. Plus de doute ; voilà de quelle main part l’interdit prononcé par le Christ sous cette forme : « Qui vous méprise me méprise. » Le Chréateur en avait dit autant à Moïse : « Ce n’est pas toi qu’ils ont méprisé ; c’est moi. » Moïse, en effet, n’est pas moins apôtre que les apôtres ne sont prophètes. Même autorité, même honneur dans ce double ministère confié par un seul et même Seigneur, le Dieu des prophètes et des apôtres.

« Voici que je vous donne puissance pour marcher impunément sur les serpents et les scorpions. » Qui tient ce langage ? Le Dieu qui règne sur tous les êtres, ou celui qui n’a pas même à lui la plus chétive créature ? Heureusement le Créateur a donné autrefois cette puissance aux enfants à la mamelle. « Ils se joueront avec l’aspic, ils porteront la main dans la caverne du basilic, sans en recevoir de blessure. »

Ne savons-nous pas, d’ailleurs, en laissant à l’Ecriture son sens littéral (car les bêtes sont impuissantes à nuire là où se rencontre la foi), que ces scorpions et ces serpents désignent allégoriquement les esprits de malice dont le prince est appelé Serpent, Dragon, ou de tout autre nom terrible dans les livres saints du Créateur, qui avait conféré le même pouvoir à son premier Christ ? Le Psaume 90 en fait foi. « Tu marcheras sur le lion et l’aspic, tu fouleras aux pieds le lionceau et le dragon. » Isaïe a dit la même chose : « En ce jour-là, le Seigneur, armé d’un glaive pénétrant, fort, invincible ( qu’est-ce que ce glaive, sinon son Christ ?) visitera le serpent énorme, aux replis tortueux, et fera périr le dragon de la mer. » Je lis ailleurs dans le même prophète : « Et là sera une voie, la voie sainte ; l’impur n’y passera point, et elle vous fut ouverte.