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mort de Pharaon. Ainsi les dispositions du Christ et du Créateur sont les mêmes. Au contraire, le dieu de Marcion, qui interdit le mariage, comment aimera-t-il les petits enfants, qui sont le motif du mariage ? Qui hait le germe, hait de toute nécessité le fruit. Que dis-je ? ce dieu barbare est plus cruel que l’Egyptien lui-même. Pharaon condamnait à mourir les enfants qui naissaient : celui-ci les condamne à ne point naître, et leur arrache une vie de dix mois dans le sein maternel. Mais combien il est plus raisonnable de mettre l’affection pour les petits enfants sur le compte de celui qui, en bénissant le mariage pour la propagation de l’espèce humaine, a promis également par sa bénédiction les fruits du mariage, dont l’enfance est le premier !

— « Le Créateur, à la voix d’Elie, fait descendre une seconde fois le feu du ciel sur le faux prophète. Je reconnais dans ce châtiment la rigueur du juge. Mais qui n’aime au contraire la mansuétude du Christ reprenant ses disciples lorsqu’ils sollicitaient le même châtiment contre une bourgade de Samarie ? »

— Apprenons à l’hérétique que cette mansuétude du Christ a été promise par ce même juge si rigoureux ! « Il ne criera point : les éclats de sa voix ne retentiront point ; sur la place publique. Il ne foulera point aux pieds le roseau brisé ; il n’éteindra point le lin qui fume encore. » Un Dieu semblable était encore bien plus éloigné de faire tomber une pluie de feu sur les hommes. Car il dit lui-même à Elie : « Le Seigneur n’est pas dans le feu, il réside dans un esprit de douceur. »

— Mais pourquoi le dieu si compatissant de Marcion refuse-t-il pour compagnon celui qui s’offre à le suivre partout où il ira ? Parce que ces mots, « Je vous suivrai partout où vous irez, » étaient le langage de l’orgueil ou de l’hypocrisie, me répond le sectaire.

Mais alors, en jugeant l’orgueil ou l’hypocrisie dignes d’un refus, il a donc exercé les fonctions de juge. Par là même,