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Étranger, qui que lu sois, dis-moi auparavant qui tu es » au nom de qui tu viens, et quels sont tes droits sur nous ? Jusqu’ici, j’imagine, tu appartiens au Créateur, et nous n’avons suivi tes bannières qu’autant que nous avons reconnu dans loi les indices du Créateur. Si tu Tiens de sa part, nous acceptons la réprimande. Si tu agis dans les intérêts d’un autre, je t’en conjure, dis-nous quels dogmes de ta doctrine tu nous as révélés, et où est la foi que nous devions avoir, pour nous reprocher notre incrédulité, toi qui jusqu’ici n’as point encore fait connaître ton auteur. Depuis combien d’années vis-tu parmi nous, pour nous opposer le temps ? En quoi as-tu souffert de notre part, pour nous vanter ta longanimité ? À peine sorti du puits de la fable, le voilà rugissant dès l’abord. » Je le demande, qui n’eût pas repoussé ainsi l’injustice de ses reproches, si on l’avait cru fils d’un dieu qui n’avait point encore de droits à se plaindre ? Et à quel litre se fut-il indigné contre les coupables, si, toujours présent au milieu des Juifs par sa loi, et ses prophètes, par ses prodiges et ses bienfaits, il ne les avait toujours trouvés incrédules ?

— « Mais voilà que ce Christ chérit les petits enfants et enseigne que ceux qui aspirent à la première place doivent leur ressembler, tandis que le Créateur, pour venger son prophète Elisée que des enfants avaient insulté, lance contre eux des ours. »

— Opposition assez impudente, qui confond à dessein les premières années de l’enfance avec une enfance plus avancée, un âge plein encore d’innocence avec un autre déjà capable de discernement, pouvant injurier, pour ne pas dire blasphémer. Comme Dieu est juste, il ne pardonna point à ces enfants impies, afin de contraindre tous les âges, et surtout l’enfance, a honorer la vieillesse. Mais, par sa bonté paternelle, il chérit si tendrement les petits enfants, que, dans l’Égypte, il bénit les sages-femmes qui protégeaient les nouveau-nés des Hébreux contre l’édit de