Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/249

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d’anéantissement, ou même dans les ténèbres du Créateur, qu’il était venu dissiper en les éloignant ainsi des divines splendeurs du Christ, qui était venu séparer leurs oracles et leurs Ecritures de son propre Evangile ? Voilà comme il démontre qu’ils lui sont étrangers, il les place auprès de lui. Voilà comme il nous enseigne à les abandonner, il. les associe à sa mission. Voilà comme il les anéantit, il les relève en les couvrant des rayons de sa gloire. Qu’eût fait de mieux leur propre Christ ? Alors, je pense, il les eut révélés dans le système de l’hérésie, comme aurait pu le faire le dieu de Marcion, en les traitant comme il aurait traité tout autre, et non comme ses prophètes. Au contraire, montrer à ses côtés les hérauts de son avènement, se révéler avec ceux auxquels il s’était manifesté dans des révélations antérieures, s’entretenir avec ceux qui avaient tant de fois entretenu l’univers de sa présence, communiquer sa gloire à ceux qui l’avaient proclamé roi de gloire, à deux hommes illustres, dont l’un avait été le législateur du peuple, et l’autre son réformateur ; dont l’un avait consacré l’ancien Testament, et l’autre consommé le nouveau, quoi de plus convenable pour le Christ du Créateur ? Aussi Pierre, reconnaissant à bon droit les compagnons de son Christ, auquel ils étaient inséparablement unis, s’écrie : « Il est bon que nous soyons ici ? » Oui, bon d’habiter où se trouvaient Moïse et Ëlie. « Dressons-y trois tentes, une pour vous, une pour Moïse, une pour Elie. » Mais il ne savait ce qu’il disait. Comment ; cela, toutefois ? Son ignorance provenait-elle d’une erreur naturelle, ou avait-elle pour cause le principe que nous défendons dans la prophétie nouvelle, l’extase de la grâce, qui est une sorte de démence ? En effet l’homme, dans le ravissement de l’esprit, surtout lorsqu’il contemple la gloire de Dieu, ou que Dieu parle par sa bouche, doit nécessairement être emporté hors de lui-même et se perdre dans les rayons de la majesté divine : tel est le point qui nous sépare d’avec les Psychiques. En attendant, le ravissement