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pendant des milliers d’années ! « Rien de secret, ajoute-t-il, qui n’éclate au dehors. » Et lui, il ensevelit jusqu’à nos jours son Dieu sous des ombres jalouses, attendant, j’imagine, la naissance de Marcion.

Nous touchons à l’argument le plus décisif pour tous ceux qui révoquent en doute la naissance du Seigneur. « L’entendez-vous, s’écrient-ils, attester lui-même qu’il n’est pas né. Où est ma mère, et qui sont mes frères ? » Telle est la marche de l’hérésie. Ou elle emporte au hasard de ses conjectures l’expression la plus simple, la plus claire, ou bien elle dénature par une interprétation littérale une expression allégorique et susceptible de distinction. C’est ce qui lui est arrivé dans cette circonstance. Voici notre réponse. D’abord, on n’aurait pu annoncer au Sauveur que sa mère et ses frères se tenaient à la porte, demandant à le voir, s’il n’avait eu ni mère, ni frères. Celui qui transmettait le message, les connaissait comme tels, ou de longue date, ou dans le moment même, lorsqu’ils désirèrent de le voir, ou lorsqu’ils chargèrent le gardien de les annoncer.

— Ce n’était là qu’une manière de tenter le Christ, dira-t-on.

— Rien qui l’indique dans l’Ecriture. Plus elle est fidèle à consigner la tentation chaque fois qu’elle a lieu : « Voilà qu’un docteur de la loi. se leva pour le tenter ; » et à l’occasion du tribut : « Les Pharisiens s’approchèrent de lui dans le but de le tenter ; » moins il est permis de supposer la tentation là où elle n’est pas mentionnée. Toutefois j’admets la tentation : dans quel but le tenter en nommant sa mère ou ses frères ?

— Pour constater la réalité ou l’imposture de sa naissance.

— Mais à quelle époque un doute s’éleva-t-il sur ce point, pour qu’il fût nécessaire de résoudre la difficulté par cette épreuve ? Qui lui contesta jamais sa naissance quand on le voyait homme, semblable aux hommes ? quand on l’entendait se proclamer le Fils de l’homme ? quand, trompés par les apparences de l’humanité, ceux parmi