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déroberas point, — tu ne porteras point faux témoignage, » m’ont enseigné pareillement à ne pas faire à autrui ce que je ne voudrais pas que l’on me fît à moi-même. Par conséquent, le précepte évangélique émane do celui qui précédemment l’avait établi, fixé et préparé pour le modifier à son gré. Il a pu à bon droit le resserrer dans une formule abrégée, puisqu’il avait prédit ailleurs que « le Seigneur, c’est-à-dire son Christ, apporterait sur la ferre une parole brève et précise. »

XVII. Je lis au nombre de ses préceptes à l’occasion de l’usure : « Si vous prêtez à ceux de qui vous espérez recevoir, quel mérite aurez-vous ? » Achève dans Ezéchiel le portrait du juste : « Il ne prête point à usure et ne reçoit pas plus qu’il n’a donné, » c’est-à-dire au-dessus du capital qu’il a prêté, ce qui est l’usure. Il a donc fallu arracher d’avance le fruit de l’usure, afin d’accoutumer graduellement l’homme à perdre, s’il y avait lieu, un capital dont il avait déjà appris à sacrifier les intérêts. La loi, qui était le préambule de l’Evangile, n’avait pas d’autre but. Elle travaillait à élever d’échelon en échelon jusqu’à la perfection chrétienne, une charité qui ne savait encore que bégayer. « Il rendra au débiteur son gage, » est-il dit plus haut ; à l’insolvable, conséquemment ; car la sagesse humaine la plus vulgaire eût trouvé l’injonction inutile à l’égard de celui qui peut se libérer.

Le Deutéronome est plus explicite : « Le gage qu’il t’aura donné ne passera point la nuit chez toi : tu le lui rendras avant le coucher du soleil, afin que dormant dans son vêtement, il te bénisse. » Mais voici un oracle plus lumineux encore : « Vous remettrez à votre prochain toute sa dette, et vous ne redemanderez rien à votre frère, parce qu’il a invoqué la rémission du Seigneur votre Dieu. » Prescrire la remise de la dette à qui n’a pas de quoi se libérer, c’est plus que lui rendre son gage ; et lors même que le débiteur peut s’acquitter, dire au créancier : « Tu ne lui demanderas rien, » n’est-ce pas défendre bien