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sa manifestation, le Christ procède ainsi, ou il est celui-là même qui a dit d’avance : « Je viendrai accomplir ces choses ; » ou si le prophète de ces oracles n’est pas encore descendu, il faut, par une nécessité absurde, mais indispensable, qu’il ait recommandé au christ de Marcion de dire : « Vous serez bienheureux quand les hommes vous haïront, vous accableront d’outrages, et repousseront votre nom comme mauvais à cause du Fils de l’homme. » Sans doute, il les exhorte à la patience par cette déclaration. Mais mon Créateur fait-il moins par la bouche d’Isaïe ? « Ne craignez ni l’opprobre, ni l’ignominie des hommes ! » quel opprobre ? quelle ignominie ? Les tribulations qu’ils auraient à essuyer à cause du Fils de l’homme. Mais ce Fils de l’homme, quel est-il ? Celui qui est conforme au Créateur, apparemment. Et la preuve ? Nous n’en demandons point d’autre que sa mort prédite par Isaïe, s’adressant aux Juifs, premiers auteurs de cette haine : « C’est à cause de vous que mon nom est tous les jours blasphémé parmi les nations. » Et ailleurs : « Tenez pour saint celui qui limite sa vie, qui est méprisé par les nations, par les serviteurs, parles magistrats. » Si la haine était promise d’avance au Fils de l’homme, dont la mission viendrait du Créateur, et si l’Evangile atteste aussi de son côté que le nom du Chrétien, formé du mot Christ, sera poursuivi et détesté « à cause du Fils de l’homme, » c’est-à-dire du Christ véritable, cette concordance de haine et de malédiction, prédites des deux cotés, démontre que ce Fils de l’homme n’est autre que le Fils du Créateur.

D’ailleurs, s’il n’était pas encore descendu, comme on le prétend, la haine qui s’attache aujourd’hui à ce nom aurait-elle pu devancer son existence ? Car nous tenons ce titre pour auguste et vénérable ; son auteur a limité sa vie en la déposant pour nous : il est insulté journellement par les nations. Donc celui qui est né, est ce même Fils de l’homme en haine duquel on poursuit le christianisme.

XV. « Leurs pères, dit-il, traitaient ainsi les prophètes. » O