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qui sont travaillés de la faim et de la soif. Ailleurs : « Mes serviteurs seront dans l’abondance ; mais vous, vous aurez faim. Mes serviteurs seront désaltérés ; mais vous, vous aurez soif. » Nous verrons que les mêmes oppositions se trouvent annoncées par le Christ ; mais disons, en attendant, que celui qui promet l’abondance aux hommes travailles par la faim est le Christ du Créateur.

« Bienheureux, vous qui pleurez maintenant ! un jour viendra où vous vous réjouirez. »

Ouvre les prophéties d’Isaïe. « Mes serviteurs se réjouiront, et vous, vous serez confondus. Mes serviteurs feront entendre dans leur ravissement des hymnes de louange, et vous, vous crierez dans les angoisses de voire cœur. » Reconnais ces oppositions dans l’Evangile du Christ. Il réserve les ravissements, les transports, l’allégresse à ceux qui, placés dans des situations différentes, vivent dans l’affliction, la tristesse et l’anxiété. C’est que le Psalmiste avait dit : « Ceux qui ont semé dans les larmes moissonneront dans l’allégresse. » Les rires de la joie et les larmes de la douleur n’ont pas un dispensateur différent. Ainsi, le Créateur, en prophétisant les rires et les larmes, a dit le premier que « les pleurs se convertiront en joie. » Donc celui qui débuta par consoler les victimes de la pauvreté, de l’oppression, de la faim et de la souffrance, se hâta de se montrer celui qu’annonçait Isaïe : « L’esprit du Seigneur repose sur moi : le Seigneur m’a donné l’onction divine. Il m’a envoyé pour prêcher son Evangile aux pauvres. — Bienheureux, vous qui mendiez ! car le royaume des cieux est à vous ! — Il m’a envoyé relever le courage de ceux qui sont abattus.—Bienheureux, vous qui maintenant avez faim, car vous serez rassasiés.—Je viens consoler les affligés. — Bienheureux, vous qui pleurez, car bientôt vous vous réjouirez ! — Je tarirai les larmes de ceux qui pleurent dans Sion ; je changerai la cendre de leur tête en couronne, et leurs vêtements lugubres en vêtements de gloire. » Si, dès les premiers pas de