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murs. O Sion ! ô mère ! dira l’homme, et l’homme est né dans son sein ; parce que l’ homme-Dieu y a pris naissance, et que la volonté elle-même du Très-Haut l’a fondée. » N’était-ce pas nous apprendre que les Gentils étaient venus à lui, parce qu’il était né homme-Dieu pour bâtir une Église d’après la volonté de son Père, et avec la multitude des Gentils ? Ecoutons encore Isaïe : « Voilà que les peuples, appelés par le Seigneur, accourent, ceux-ci du septentrion, ceux-là du midi, d’autres des rivages de la mer et de la terre des Perses. » Le prophète revient à cette merveille : « Lève les yeux, et regarde autour de toi ; car les peuples rassemblés s’avancent à ta rencontre. À l’aspect de ces étrangers et de ces inconnus, poursuit-il, tu diras dans ton cœur : Qui m’a engendre ces enfants ? qui me les a nourris ? d’où me sont-ils venus ? »

Et ce christ ne serait pas le Christ les prophètes ? Quel sera donc le christ des Marcionites, en dépit de leurs dogmes monstrueux, si leur christ n’est pas celui des prophètes ?

XIV. J’arrive maintenant à ses maximes ordinaires, par lesquelles il exprime la vérité de sa doctrine, espèce d’édit qu’il rend comme étant le Christ, si je puis ainsi parler : « Bienheureux vous qui mendiez (car le mot, grec exige cette traduction), parce que le royaume de Dieu est à vous ! » Je l’entends commencer par des bénédictions. A ce trait unique, je le reconnaîtrais pour le Fils de ce même Créateur qui, consacrant les éléments à mesure qu’il les produisait, n’avait d’autre parole que la bénédiction. « Mon cœur ne contient plus la parole heureuse, » s’écrie-t-il. Telle sera la parole de bénédiction qui ouvre le nouveau Testament à l’exemple de l’ancien. M’étonnerai-je que le Fils du Créateur, qui en avait les miséricordieuses entrailles, débute par des mois semblables, toujours l’ami, le consolateur, le protecteur, le vengeur du mendiant, du pauvre, de l’opprimé, de la veuve et de l’orphelin : de sorte