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les pharisiens crient à l’infraction du sabbat. Marcion prend occasion de leurs attaques pour calomnier le livre et l’intention. Mais la vérité de mon Seigneur vient à mon secours. Je puis répondre avec les arguments de nos Ecritures, et justifier le Christ par l’exemple de David, qui entra dans le temple le jour du sabbat, et brisa sans scrupule les pains de proposition pour s’en nourrir lui et les siens.

Le saint roi n’avait pas oublié ce privilège, ou plutôt cette dispense du jeûne datait du jour même de l’institution du sabbat. En effet, quoique le Créateur eût défendu de recueillir la manne pour deux jours, il leva cette interdiction pour la veille du sabbat, afin que la nourriture préparée le jour précédent délivrât du jeûne la fête du lendemain. Le Seigneur a donc eu raison de se régler sur le même principe dans la violation du sabbat, puisqu’on veut employer ce mot. Il a bien fait d’imiter la condescendance du Créateur en laissant au sabbat son privilège et sa dispense de jeune. En deux mots, c’eût été se mettre en révolte contre le sabbat, que dis-je ? attenter au Créateur lui-même, que de prescrire à ses disciples un jeûne qui contrariait et l’esprit des Ecritures et la volonté du Créateur. Mais, parce qu’au lieu de détendre avec fermeté ses disciples, il les excuse timidement ; parce qu’il fait intervenir la nécessité humaine comme une suppliante ; parce qu’il conserve au sabbat sa glorieuse prérogative, moins pour ne pas en contrister les observateurs que pour s’y soumettre ; parce que la faute et la justification de David et de ses compagnons, il la met au même niveau que la faute et la justification de ses disciples ; parce qu’il souscrit à l’indulgence du Créateur ; parce qu’enfin il est miséricordieux à l’exemple de son Père, sont-ce là des raisons pour qu’il soit étranger au Créateur ?

Alors les Pharisiens observent s’il guérira, le malade le jour du sabbat, sans doute pour l’accuser d’anéantir le sabbat,