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réforme du Christ, mettons en tête de la question un point capital, et posons ce principe : chaque institution nouvelle souleva une discussion, parce que jusqu’à ce jour rien n’avait encore été ni publié, ni discuté sur une divinité nouvelle. Conséquemment, on ne saurait arguer de la nouveauté des institutions que le Christ promulguait une divinité étrangère, puisque cette nouveauté elle-même, signalée long-temps d’avance par le Créateur, cesse de surprendre dans le Christ. Il eût donc fallu préalablement exposer au grand jour la Divinité, pour introduire sa doctrine à la suite, parce que c’est le Dieu qui accrédite la doctrine, et non la doctrine qui accrédite le dieu ; à moins que Marcion, au lieu de connaître par la voie du Maître ses Ecritures où tout est perverti, n’ait connu le Maître par la voie des Ecritures.

Cela établi, je continue. Le Christ renverse le sabbat, dites-vous ! Il ne fait que marcher sur les traces du Créateur. En effet, quand il lit porter pendant sept jours l’arche d’alliance autour des remparts assiégés de Jéricho, il viola aussi le sabbat, comme le pensent ceux qui attribuent au Christ la même infraction, ignorant que ni le Christ, ni le Créateur, n’ont manqué à la loi du sabbat, ainsi que nous allons bientôt le leur enseigner. Toutefois le sabbat reçut alors de Josué une sorte d’atteinte, parce que Josué était le symbole du Christ, tout ennemi qu’il fût du jour solennel des Juifs, comme s’il n’eût pas été le Christ de cette nation. La haine du sabbat ! Je reconnais encore à cette aversion prononcée le Christ du Créateur, qui dit par l’organe d’Isaïe : « Mon ame hait vos néoménies et vos sabbats. » Quel que soit le sens de cet anathème, répondons à une vive attaque par une vive apologie. J’en viens à la matière même sur laquelle porte la transgression. Les disciples étaient pressés par la faim. Ils avaient cueilli des épis le jour du sabbat, les avaient broyés dans leurs mains, et avaient profané la solennité du jour en préparant leur nourriture. Le Christ les excuse ;