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pour toi le « vêtement dont se pare la nouvelle épouse. » Le Christ, par la bouche de Salomon, appelle encore à lui cette épouse dans la vocation des Gentils. En effet, lu as lu : « Descendez, ô mon épouse, des sommets du Liban ! » Il avait raison ; du Liban, car le nom de cette montagne signifie encens chez les Grecs : mon Sauveur se fiançait une Église avec les dépouilles de l’idolâtrie. Dis, maintenant, ô Marcion ! que tu n’es pas le plus insensé des hommes ! Voilà que lu attaques la loi même de ton Dieu. Il ne veut pas d’union conjugale ; les nœuds du mariage, il les brise ; son baptême n’est que pour le célibat ou la virginité : la mort ou le divorce est le seul droit à cette faveur. Et le christ d’un pareil dieu, ton inconséquence me le convertit en époux. Va, un pareil titre appartient exclusivement « à qui unit autrefois l’homme et la femme, et non à qui les sépare. » Ton erreur n’est pas moins grossière au sujet de cette déclaration où le Seigneur semble distinguer le passé d’avec le nouveau. Le vin nouveau de ton délire fermente dans de vieilles outres. Tu as cousu à l’Evangile qui avait la priorité sur le tien le lambeau de la nouveauté hérétique. Parle, Marcion ! En quoi mon Créateur a-t-il fait preuve de versatilité et d’inconstance ?

— « Préparez la terre nouvelle, » nous dit-il par Jérémie ! N’est-ce pas là nous détourner du passé ? « Le passé n’est plus. Voilà que je crée toutes choses nouvelles, nous dit-il par Isaïe ! » N’est-ce pas là nous appeler à un régime nouveau ?

— Nous avons démontré précédemment que l’économie de la loi ancienne, disposée autrefois par le Créateur, était accomplie et développée par son Christ, toujours sous l’autorité d’un seul et même Dieu auquel appartient ce qui est antique et nouveau. Car « on ne confie pas le vin nouveau à de vieilles outres, » à moins d’avoir de vieilles outres. « On ne coud point à un vêtement usé un lambeau neuf, » à moins d’avoir un vêtement usé.