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a entendu les hommes du paganisme et les publicains qu’il appelait à lui, nier que le médecin fût nécessaire aux Juifs, n’était-ce pas avouer qu’ils avaient la santé ? A considérer ainsi les choses, il a eu tort de descendre pour remédier à des infirmités imaginaires, et abolir une loi sous le régime de laquelle florissait la santé, et où il. n’y avait pas besoin de guérison. Mais à qui persuadera-t-on que le Christ se soit comparé à nu médecin, sans réaliser la similitude ? Si personne ne propose le médecin à qui possède la santé, bien moins encore le proposons-nous à des individus qui nous sont aussi étrangers que l’homme semble l’être au dieu de Marcion, ayant son créateur à lui, son protecteur à lui, et ne pouvant attendre que du Très-Haut le Christ pour médecin. Cette comparaison à elle seule établissait d’avance que si le médecin a été envoyé aux malades, il ne l’a été que par le maître de ces mêmes malades.

Mais d’où Jean est-il venu au milieu des hommes ? C’est un Christ soudain, c’est un précurseur soudain. Ainsi apparaissent dans le système de Marcion toutes les choses qui, du côte du Créateur, ont leur développement progressif et complet. Nous répondrons ailleurs à chacune des allégations présentes. Attachons-nous ici à un seul point ; démontrons l’exacte concordance de Jean avec le Christ, et du Christ avec Jean, prophète du Créateur, puisque le Christ est le messie du Créateur. Que l’hérétique rougisse donc ! il aura supprimé sans profil la marche du précurseur. Que Jean, celle voix du désert, comme l’appelle Isaïe, n’eût pas préparé les sentiers du Seigneur par la promulgation et l’éloge de la pénitence ; qu’il n’eût pas au nombre de ses néophytes baptisé le Seigneur lui-même ; enfin qu’il n’eût pas été l’avant-coureur de l’Homme-Dieu, eût-on comparé les disciples du Christ, qui buvaient et mangeaient, avec ceux de Jean, dont la vie se consumait dans le jeune et la prière ? Du moment que l’on suppose quelque différence entre le Christ et Jean, entre les disciples