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avait été investi du pouvoir de juger et par conséquent de délier les péchés. Le droit de juger ne va pas sans le droit d’absoudre. Il voulait que, cette pierre de scandale une fois écartée par le souvenir des Ecritures, ils le reconnussent plus facilement pour le Fils de l’homme, quand il remettait les péchés.

Enfin, nulle part il ne s’était déclaré Fils de l’homme avant cette circonstance où il remit les péchés pour la première fois, c’est-à-dire où il exerça les fonctions de juge en prononçant une absolution. En outre, quelle que soit la réplique de nos adversaires, remarquez-le, elle ira infailliblement aboutir à l’une de ces extravagances. Ou le tenir pour le Fils de l’homme s’ils ne veulent pas en faire un imposteur, ou nier qu’il soit fils d’une créature humaine, de peur d’être contraints d’avouer qu’il est né d’une vierge. Que si l’autorité divine, la nature des choses, le bon sens repoussent les rêves de l’hérésie, l’occasion est venue d’interpeller ici, d’un seul mot, le fantôme de Marcion. S’il est né de l’homme, fils de l’homme, il a un corps sorti d’un corps, il serait plus facile de rencontrer un être humain sans cœur et sans cervelle, un second Marcion, qu’un corps semblable à celui de son christ. Le cœur et la cervelle d’un habitant du Pont ! Voyez ce que c’est.

XI. « Le Seigneur appelle à lui un publicain. Donc il est l’ennemi de la loi, puisqu’il choisit pour apôtre un étranger, un profane dans le langage du judaïsme. » Ainsi raisonne le sectaire.

— Il oublie apparemment que Pierre était un serviteur de la loi, et que, non content de l’élever à l’apostolat, le Seigneur lui rendit le témoignage « qu’il avait été éclairé par le Père lui-même sur la connaissance du Fils. » Nulle part il n’avait vu le Christ signalé comme la lumière, l’espérance et l’attente des nations. Il y a mieux. Il affirma que les Juifs étaient son peuple de prédilection par ce proverbe : « Le médecin n’est pas pour ceux qui se portent bien, mais pour les malades. » En effet, si par malades il