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sa bonté en détruisant la loi. Il est méchant quand il la détruit, s’il est bon quand il la respecte. Mais non ; en autorisant l’obéissance à la loi, il a confirmé la bonté de cette même loi : on ne permet pas la soumission à ce qui est mal. Donc il est méchant, d’une part s’il a légitimé l’obéissance à une loi mauvaise, plus méchant encore de l’autre, s’il a ruiné une loi qui était bonne.

De même, si, averti par sa prescience que tout malade délivré de sa lèpre offrirait de lui-même un présent, il le lui recommande néanmoins, il aurait pu se dispenser d’enjoindre ce qui devait s’accomplir de soi-même. Inutilement donc il descend pour anéantir la loi, puisqu’il cède aux observateurs de la loi. Il y a mieux. Il connaissait leurs tendances ; raison de plus de les détourner de cette soumission, si son avènement n’avait pas d’autre but. Pourquoi ne pas garder le silence, afin que l’homme obéît à la loi de son plein gré ? Alors il pourrait jusqu’à un certain point excuser son indulgence. Mais non ; il ajoute à son autorité le poids de son témoignage. Quelle était la valeur de ce témoignage, sinon le respect de la loi ? Au reste, peu importe à quel titre il confirma la loi, bonté, superfluité, ou versatilité, pourvu, Marcion, que je te contraigne à lâcher pied. Voilà qu’il ordonne d’accomplir la loi. Quels que soient ses motifs, toujours est-il qu’il a pu les faire précéder de cette déclaration : « Je ne suis pas venu détruire la loi, mais l’accomplir, » Qu’as-tu donc gagné à effacer d’une main dans l’Evangile ce que tu gardes de l’autre ? Tu confesses qu’il a fait par bonté ce que tu ne veux pas qu’il ait dit. Il est donc constaté qu’il l’a dit, puisqu’il l’a fait, Tu as donc mieux réussi à supprimer de l’Evangile la. parole du Seigneur, qu’à nous confondre nous autres.

X. Un paralytique est guéri également en pleine assemblée, sous les yeux du peuple. « Le peuple, dit Isaïe, reconnaîtra la gloire du Seigneur et la grandeur de Dieu. » Quelle grandeur, quelle gloire ? « Fortifiez-vous, mains languissantes ; affermissez-vous, genoux tremblants. »