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d’un nouveau testament, Mais comme, par je ne sais quel misérable associé, digne du même anathème, il raisonne avec subtilité contre la guérison du lépreux de l’Evangile, il ne sera point hors de propos de le réfuter. Montrons-lui avant tout la puissance de la loi qui, sous la figure d’un lépreux dont il faut éviter le contact et que la prudence isole de la société humaine, défend de fréquenter ces hommes souillés de prévarications avec lesquels l’apôtre ne veut pas même que nous « prenions nos repas. » Car se mêler aux pécheurs, c’est, par une sorte de contagion, imprimer sur soi les stigmates de leurs péchés.

C’est pourquoi voulant attacher un sens plus relevé à la loi qui figurait les choses spirituelles sous l’enveloppa de la chair, et à ce titre » réédifiant plutôt qu’il ne détruisait des observances dont il révélait la sagesse, a le Seigneur toucha un lépreux, » contact capable de souiller l’homme, mais non la nature incorruptible d’un Dieu ! Objectera-t-on contre mon Christ qu’il aurait dû respecter la loi et s’abstenir de toucher un malade, frappé d’une impureté légale ? Mais ce contact ne devait pas le souiller. Je vais plus loin. Cette action convient à mon Dieu exclusivement, tandis qu’elle est en contradiction avec le lien. Je le démontre. Si ton Dieu a touché un homme immonde, pour insulter à une loi dont il était l’ennemi, et affronter une souillure qui était la conséquence de ce mépris, par quel côté, demanderai-je, un être imaginaire s’expose-t-il à une souillure ? Un fantôme peut-il être souillé ? Le fantôme, inaccessible à toute corruption, s’y dérobe donc non plus par les prérogatives d’une vertu divine, mais par le néant de son être ? Alors il n’a pu paraître braver une souillure à laquelle il n’offrait point de prise, ni renverser la loi s’il échappait à la contagion comme fantôme et non comme puissance !

Qu’Elisée, prophète du Créateur, n’ait, parmi tant de lépreux Israélites, rendu la santé qu’à Naaman de Syrie, c’