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CONTRE MARCION.
LIVRE IV.


I. Nous allons en appeler de toute la sagesse, de tout cet étalage de l’impie et sacrilège Marcion, à son évangile même à cet évangile devenu le sien à force d’altérations, Pour l’accréditer, il l’accompagna d’un commentaire ou recueil d’oppositions contradictoires, qu’il appela Antithèses, ouvrée destiné à prouver que la loi et l’Evangile se combattent et partagent le monde entre deux divinités ayant chacune son instrument particulier, ou testament, puisque ce mot a prévalu. C’est sur l’autorité d’un pareil appui qu’il veut étayer son évangile. J’aurais anéanti une à une dans une dissertation spéciale les raisons de l’habitant du Pont, si je n’avais trouvé plus opportun de les détruire par et avec l’Evangile lui-même qu’elles viennent secourir. Il me serait facile de les repousser par la proscription. J’aime mieux les admettre et les ratifier, en quelque sorte, comme d utiles auxiliaires ; de sorte que dans la lutte contre cet adversaire, nous aurons nous-mêmes à rougir pour lui d’un si profond aveuglement. Qu’un ordre différent se soit développé dans les anciennes dispositions du Créateur et dans les nouvelles ordonnances du Christ, je commence par l’avouer. Que la forme du langage diffère non moins que les préceptes de vertu et la discipline de la loi, d’accord ; pourvu cependant que, malgré cette diversité, l’ensemble se rapporte au seul et même Dieu, au Dieu reconnu comme l’ordonnateur et le prophète des deux testaments. « La loi, s’écriait autrefois Isaïe, sortira de Sion, et la parole du Seigneur, de Jérusalem ; »