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aller au-devant de Jésus-Christ, » selon le même apôtre ; oui, au-devant de ce Fils de l’Homme que Daniel nous montre assis sur les nuages, « et ainsi nous serons » éternellement avec le Seigneur, » et sur la terre et dans le ciel ; puisque pour convaincre ceux qui ont été ingrats envers cette double promesse, il invoque les éléments eux-mêmes : « Cieux, écoutez ! Terre, prête l’oreille ! »

Pour moi, quand l’Ecriture ne m’en donnerait pas mille fois l’espérance, il me suffirait de cette simple présomption. Déjà en possession des faveurs de la terre, je dois attendre aussi quelque chose du ciel, de la part d’un Dieu à qui appartient le ciel aussi bien que la terre. « Ce Christ, me dirais-je, qui promet des récompenses sublimes, est l’envoyé de celui, qui avait déjà promis d’humbles salaires, fondant ainsi sur l’expérience des petites choses le pressentiment des grandes. Eût-il même réservé à son Christ la promulgation de cet empire inconnu jusque là, peu m’importe : il avait voulu que des mortels fussent les hérauts de sa gloire terrestre ; mais il fallait un Dieu pour annoncer l’empire du Ciel. »

Mais toi, de ce qu’il annonce un règne nouveau, tu en fais un nouveau Christ. Produis-moi auparavant quelque exemple de bonté, si tu ne veux pas que je me défie à bon droit des merveilleuses espérances que tu étales à mes yeux. Je ne dis pas assez. Prouve-moi avant tout que ce Dieu qui annonce un royaume céleste dispose d’un ciel à lui. Me convoquer à un banquet, et pas une maison pour me recevoir ! Me vanter un empire, et ne pas me montrer un. palais ! Ton Christ promettrait-il le royaume céleste, sans avoir un ciel véritable, comme il a feint d’être un homme sans avoir une chair véritable ? O fantôme misérable ! ô illusion d’une grande promesse.