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couronner le Seigneur, et non la justice, mais la clameur qui l’attacha à la croix. Toutes les rosées et les grâces ayant été ainsi ravies aux Juifs, la loi et les prophètes vont jusqu’à Jean. Mais comme ils persévèrent dans leur aveugle obstination ; comme ils sont cause, ainsi que le prophète le leur reproche, que le nom du Seigneur est blasphémé parmi les nations, infamie qui commença par eux ; enfin, comme ils ne comprirent pas que l’intervalle de Tibère à Vespasien leur était accordé pour la pénitence, « leur terre est devenue déserte, leurs villes ont été la proie des flammes ; des étrangers dévorent, leur pairie jusque sous leurs yeux. La tille de Sion a été abandonnée comme la hutte après la saison des vendanges, comme une cabane dans un champ de concombres. Depuis quand ? Depuis qu’Israël n’a point connu le Seigneur ; depuis qu’il a été sans intelligence, qu’il a abandonné son maître, et irrité la colère du Dieu fort. » Que prouve encore cette menace conditionnelle ? « Si, indocile et rebelle, tu refuses de m’écouter, le glaive le dévorera. » Le glaive a dévoré ; donc le Christ est venu ; donc ils ont péri en refusant de l’écouter. Au Psaume 58, c’est lui qui demande à son Père l’extermination du peuple rebelle : « Détruisez-les dans votre fureur ; détruisez-les ; qu’ils ne soient plus ! » lui encore qui appelle l’incendie contre eux, dans les pages d’Isaïe : « . Il vous a été fait ainsi à cause de moi : vous dormirez dans les douleurs. » Châtiments vains et absurdes, si les Juifs ont souffert ces calamités à cause du Christ d’un autre Dieu, et non à cause de celui qui avait annoncé que les Juifs souffriraient à cause de lui !

— Mais ce sont les vertus et les puissances du Créateur, qui, jalouses d’un dieu étranger, ont suspendu son Christ à la croix.

—Voilà que le Créateur lui-même le défend et le venge ? « Les impies lui furent donnés pour prix de sa sépulture ; » les impies qui avaient affirme qu’on l’avait enlevé furtivement ; « et les riches en expiation de sa mort ; » les riches qui