Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/159

Cette page n’a pas encore été corrigée

Maudit celui qui est suspendu au bois ! » J’ajourne le sens de cette malédiction, c’est-à-dire de la Croix, qui méritait une prédiction à part, prédiction dont il s’agit surtout maintenant, parce que le fait doit précéder la raison du fait. Un mot d’abord sur les figures.

Si une chose au monde était nécessaire, c’était avant tout, que le mystère de la Rédemption fût figuré d’avance par les prédictions. Plus il contrariait la raison humaine, plus il devait exciter de scandale, annoncé sans voiles. Plus il était magnifique, plus il fallait le cacher sons de saintes ténèbres, afin que la difficulté de comprendre fît recourir à la grâce de Dieu. Voilà pourquoi dès le début, Isaac sacrifié par son père et portant lui-même le bois de l’immolation, figure la mort de Jésus-Christ, victime abandonnée par son Père et portant le bois de sa passion. Joseph est encore un symbole du Christ. Et ce n’est pas seulement, car je ne veux pas retarder ma course, ce n’est pas seulement dans Joseph persécuté par ses frères et vendu en Égypte pour la cause de Dieu, que nous retrouvons le Sauveur trahi et vendu par les Juifs, ses frères, dans la personne de Judas ; la ressemblance éclate jusque dans les bénédictions. « Sa beauté est celle du taureau premier-né ; ses cornes sont celles de l’oryx : avec elles il frappera les peuples et les chassera jusqu’aux extrémités de la terre. » Je le demande, est-ce quelque animal puissant, ou quelque monstre fabuleux, que présage cet emblème ? Non, sans doute. Ce taureau mystérieux, c’est Jésus-Christ, juge terrible pour les uns, rédempteur plein de mansuétude pour les autres. Ces cornes, ce sont les extrémités de la croix, car dans l’entenne d’un navire, qui figure une partie du bois sacré, on donne le nom de cornes à ses extrémités. Enfin l’oryx, à la corne unique, désigne le tronc de l’arbre sur lequel il s’étendra. Cornes symboliques, c’est avec leur vertu que mon Christ enlève tous les jours les nations par la foi, les transportant de la ferre au ciel, et qu’au dernier jour il les précipitera,