Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/156

Cette page n’a pas encore été corrigée

quel nom fut substitué à Osée, son premier nom ? Celui de Jésus ou de Josué.

— L’histoire l’atteste.

— Eh bien ! sous ce symbole était caché l’avenir. Comme Jésus-Christ devait introduire dans la terre promise où coulent des ruisseaux de miel et de lait, disons mieux, comme il devait introduire dans les royaumes de la vie éternelle et ses incomparables béatitudes, le second peuple, c’est-à-dire nous-mêmes qui sommes nés dans les déserts du siècle ; comme ce n’était pas à Moïse par l’ancienne loi, mais à Jésus-Christ par la grâce de l’Evangile, qu’il était donné d’accomplir celle heureuse révolution, et de circoncire avec la pierre mystérieuse qui est le Christ, la nation nouvelle, le chef du peuple hébreu fut destiné à nous représenter cette merveille, et consacré sous ce nom auguste. Le Christ revendiqua lui-même ce titre quand il s’entretint avec Moïse. Car qui parlait alors sinon le Christ, Esprit du Créateur ? « Voilà que j’envoie mon ange devant vous, dit-il

formellement au peuple, afin qu’il, vous précède, vous garde en votre voie, et vous introduise au lieu que je vous ai préparé. Respectez-le et écoutez ses ordres, et ne le méprisez point ; car il ne vous pardonnera point quand vous aurez péché, parce que mon nom est en lui. » Pourquoi son ange ? A cause des merveilles qu’il devait opérer, et de son ministère de prophète, promulguant la volonté divine. Pourquoi Jésus ou Josué ? À cause du mystère renfermé dans ce nom rédempteur qu’il devait porter un jour. Il confirma plus d’une fois le nom qu’il lui avait imposé lui-même. Dès-lors l’homme de Dieu ne fut plus ni son ange, ni Osée : il fut toujours Jésus. Si ces deux appellations conviennent au Christ du Créateur, elles ne conviennent pas à qui n’est point le Christ du Créateur, non plus que les autres symboles de l’antique alliance. Il faut donc établir entre nous un principe inviolable et bien arrêté, aussi nécessaire à une partie qu’à l’autre, c’est que le christ du Dieu étranger ne doit avoir rien de commun avec le Messie du Créateur ;