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succès par la supercherie, se défie de la honte de sa cause, ou porte un cœur méchant. Ils s’enveloppèrent de moindres détours et montrèrent plus de liberté, les faux prophètes qui s’opposèrent au Créateur au nom de leur dieu. Il leur fut plus facile d’adopter le Christ pour leur Dieu, ou pour je ne sais quel imposteur, que de le travestir en Messie d’un dieu étranger. L’Evangile le prouvera. Mais les Marcionites, qu’ont-ils gagné à cette communauté de noms ? En vérité, je m’y perds.

XVI. Si ton dieu a pris le nom de Christ comme un petit voleur qui enlève une corbeille ; fermons les yeux sur ce larcin. Pourquoi lui a-t-il volé aussi le nom de Jésus, moins solennel chez les Juifs ? En effet, que nous Chrétiens, initiés par la grâce de Dieu à l’intelligence de ses mystères, nous sachions que ce litre était destiné au Christ, est-ce une raison pour que le Juif, dont l’entendement était obscurci, le connût ainsi que nous ? Jusqu’à ce jour encore c’est le Christ qu’il attend, et non pas Jésus ; s’il voit l’image de son Messie, c’est plutôt dans Hélie que dans Jésus. Qui est venu portant un nom sous lequel le Christ n’était pas attendu, n’a pu venir que sous le nom qui seul était attendu, Mais ton christ, en associant deux noms, l’un attendu, l’autre qui ne l’était nullement, a éventé maladroitement le stratagème. A-t-il usurpé le nom de Christ pour s’introduire furtivement sous le masque du Christ envoyé par le Créateur ? Mais la désignation de Jésus le trahit : on n’attendait pas le Christ du Créateur sous ce litre. S’est-il fait appeler Jésus afin de passer pour le messie d’un autre dieu ? Mais le mot de christ le lui défend. Point d’autre christ que le Christ du Créateur. Lequel des deux noms est le véritable ? Je l’ignore. Je ne sais qu’une chose, c’est qu’ils conviennent parfaitement à mon Rédempteur, Christ et Jésus tout à la fois.

— Comment cela ?

— Ecoute, loi et les Juifs complices de ton erreur. Quand il s’agit de donner pour successeur à Moïse le fils de Nun,