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leur christ n’est pas descendu, parce qu’il ne s’est pas montré dans sa majesté, eux qui ne savent pas qu’il devait venir d’abord dans l’humiliation.

VIII. Tout à l’heure l’hérésie recevait les poisons du judaïsme, à peu près comme l’aspic emprunte le poison de la vipère. Livrée à son propre venin, qu’elle vomisse maintenant le poison de ses propres blasphèmes en soutenant que Jésus-Christ n’était qu’un fantôme. Cette opinion monstrueuse remonte à ces méprisables sectaires, Marcionites avortés que l’apôtre appelait « antechrists, parce qu’ils niaient que le Christ lut venu dans une chair véritable. » Non pas cependant qu’ils essayassent d’introduire un autre dieu ; l’Evangile n’eût pas manqué de nous révéler cette circonstance ; niais un Dieu fait chair révoltait leur raison. L’antechrist Marcion s’appropria un héritage auquel il était d’autant mieux préparé que son dieu à lui ne créait, ni ne ressuscitait la chair, dieu merveilleusement bon, il faut l’avouer, et sur ce point bien différent des mensonges et des impostures du Créateur. Voilà pourquoi son christ, afin d’échapper à tout reproche d’imposture et de mensonge, craignant d’ailleurs d’être regardé comme le Christ du Créateur, n’était pas ce qu’il paraissait, et cachait frauduleusement ce qu’il était, chair sans être chair, homme sans être homme, dieu le christ sans être dieu. Mais pourquoi n’aurait-il pas aussi bien revêtu le fantôme d’un Dieu ? Le croirai-je sur le témoignage de sa substance intérieure, quand il me trompe par son extérieur ? Passera-t-il pour véridique dans ce qui m’est voilé, quand les apparences me trompent ? Enfin par quel secret a-t-il associé en lui la réalité de l’esprit à l’illusion de la chair, quand l’apôtre m’apprend que « de communauté possible entre la lumière et les ténèbres, entre la vérité et le mensonge, il n’en est point ? » L’incarnation du Christ une chimère ! Mais il suit de là que les conséquences de son incarnation, sa présence parmi les hommes, ses enseignements, sa parole, ses vertus elles-mêmes, sont autant de mensonges.