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IV
VIE DE TERTULLIEN.

pinus, évêque de cette cité, avait rendu un décret qui autorisait cette opinion, pour laquelle s’était prononcé tout le littoral de l’Afrique. L’Église, d’ailleurs, n’avait pas encore décidé cette question, puisque ce grand débat ne fut plaidé et terminé qu’un demi-siècle plus tard. Il faut dire enfin, pour l’honneur de Tertullien et de ceux qui avaient embrassé cette cause dont il a été parlé à l’occasion de saint Cyprien, que les hérétiques mêlaient à l’administration du sacrement une foule de pratiques, qui souvent en détruisaient ou en dénaturaient la forme. Le traité du Baptême fut destiné à réfuter une femme de la secte des Caïnistes, nommée Quintilla, qui avait déjà trompé beaucoup de fidèles en combattant et en ruinant le baptême. Il nous est précieux à plus d’un titre, comme renseignement historique, et surtout comme monument de la tradition. On y voit que l’Église pratiquait déjà ce qu’elle pratique aujourd’hui pour initier le néophyte à la vie de la foi catholique.

Le traité des Prescriptions avait été composé antérieurement à tous ses autres traités particuliers contre l’erreur ; il l’indique lui-même à la fin, par ces paroles : « Nous avons employé généralement contre toutes les hérésies l’argument solide et invincible des prescriptions ; dans la suite, avec la grâce de Dieu, nous répondrons encore en particulier à quelques-unes. » Les traités contre Marcion, Valentin, Praxéas et Apelles ne sont venus qu’après. Quoique la date assignée ordinairement à cet admirable traité, ne soit qu’une conjecture, il n’est guère permis de supposer que Tertullien ait écrit dans le schisme et l’hérésie un ouvrage qui détruit par un argument irrécusable toutes les hérésies et tous les schismes. Tout en reconnaissant que le cœur humain renferme les contradictions les plus étonnantes, nous aimons à croire que Tertullien n’était pas assez aveugle pour se réfuter lui-même par ses propres paroles. Toujours est-il qu’il se fait gloire d’être en communion avec les Églises, mères et apostoliques, comme il les appelle. Il cite en particulier celles de Corinthe, de Thessalonique, de Philippes, d’Éphèse, et principalement celle de Rome, dont il fait un magnifique éloge. Lui eût-il accordé ces louanges, s’il eût cessé d’être en communion avec elle ?

Le terme de Prescription est, comme tout le monde sait, em-