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de savoir, les pharisiens, se méprendraient sur sa personne ; qu’enfin, cette nation de sourds et d’aveugles ouvrirait vainement les oreilles pour recueillir les enseignements du Christ, ouvrirait vainement les yeux pour apercevoir les miracles du Christ. Endurcissement fatal que confirme encore ce texte : « Qui est aveugle, si mon peuple ne l’est pas ? Qui est sourd, sinon le maître qui le gouverne ? » Même signification dans ces reproches d’Isaïe : « J’ai nourri des enfants ; je les ai élevés ; mais ils se sont révoltés contre moi. Le taureau connaît son maître ; l’âne connaît son étable ; mais Israël m’a méconnu. Israël est sans intelligence à mon sujet. » Pour nous, assurés que le Christ a toujours parlé par la bouche des prophètes, qu’est-ce à dire ? que l’esprit du Créateur, ou, pour emprunter les expressions de Jérémie, « que l’Esprit, vivante image de l’Eternel, le Christ, notre Seigneur, » auguste représentant de son Père, agit, parla, et se montra, dès l’origine, au nom de Dieu, nous avons la clef des oracles précédents. Ils reprochaient d’avance à Israël les crimes qu’il commettrait un jour : « Vous avez abandonné le Seigneur ; vous avez allumé la colère du Dieu fort. »

— Veux-tu que cette ignorance du peuple Juif, tant de fois confondue, au lieu de porter sur le Christ, retombât sur Dieu lui-même, mais que le Verbe, l’Esprit, c’est-à-dire le Christ du Créateur, n’ait jamais été ni méconnu, ni répudié par les Hébreux ?

— Tes propres aveux te condamnent. En accordant que le Christ est le Fils, l’Esprit, la substance même du Créateur, tu es réduit à confesser, que les aveugles, impuissants à connaître le Père, n’ont pu reconnaître le Fils, grâce à la communauté de leur substance. La plénitude leur échappe, à plus forte raison une portion, qui les ferait participer à la plénitude. Le flambeau des Ecritures à la main, on découvre pourquoi les Juifs ont dédaigné et mis à mort le Rédempteur. Etait-ce un Christ étranger qu’ils voyaient en lui ?