Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/132

Cette page n’a pas encore été corrigée

le fait le prouve ; s’agit-il du Créateur ? froid et apathique ; s’agit-il du Christ ? bouillant et emporté ; vain et stérile des deux parts, fin effet, il n’a pas plus réprimé la marche du Créateur qu’il n’a entravé l’avènement du Christ. Le Créateur ! il demeure absolument ce qu’il est ; le Christ ! il viendra tel qu’il est écrit. A quoi bon conséquemment venir après le Créateur qu’il n’a pu changer ? A quoi bon se manifester avant le Christ dont il n’a pu arrêter la marche ?

Ou bien s’il a réformé le Créateur, il s’est révélé après lui pour que les réformes à accomplir précédassent son apparition ; donc il. aurait dû attendre aussi la naissance du Christ, afin de corriger ses œuvres en venant après elles comme il avait procédé pour le Créateur.

Aimes-tu mieux qu’il descende une seconde fois après le dernier avènement du Christ ? Descendu d’abord pour détruire son antagoniste, la loi et les prophètes, veux-tu qu’il vienne une seconde fois après la consommation des jours pour combattre le Christ et renverser son empire ? Absurdité plus révoltante encore ! Alors le Christ fermera le cercle de sa mission : alors, ou jamais, il faudra avoir cru en lui ; alors son œuvre sera entièrement achevée. Ton Dieu descendrait donc inutilement dans un monde où il ne resterait plus rien à faire.

V. Toutefois, ce ne sont là que les préludes du combat, des traits lancés de loin en quelque façon. Avant de serrer l’ennemi corps à corps dans une lutte véritable, il me semble à propos de l’enfermer d’avance dans quelques lignes où il faudra combattre. Ces lignes sont les Ecritures qui viennent du Créateur. Gomme elles vont m’aider à prouver que le Christ est l’envoyé du Très-Haut, attendu qu’il a accompli tout ce qu’elles portent, il est nécessaire de fixer les idées sur la forme, j’allais dire, sur la nature de ces livres. Faute de cette précaution, comme ils pourraient être mis en cause eux-mêmes au moment où nous invoquerions leur autorité, la double apologie des livres