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Vous serez justifiés par vos paroles ou condamnés par vos paroles, » nous apprenait ainsi à confesser nos fautes au lieu de les nier. Car, quoique Adam eût été livré à la mort par suite du décret porté contre lui, l’espérance lui resta néanmoins. « Voici Adam devenu comme l’un de nous, s’écrie le Seigneur lui-même. » Comme si Dieu montrait déjà dans l’avenir l’homme élevé à la divinité. Mais achevons le passage ! « Maintenant donc, craignons qu’avançant la main, il ne prenne aussi de l’arbre de vie, n’en mange, et ne vive éternellement. » Par ce mot, maintenant, indice du présent, il nous fait entendre que la vie est devenue passagère dans le temps présent. Aussi ne maudit-il ni Adam ni Eve, comme aspirant à la réhabilitation, déjà relevés aux yeux du Seigneur par un commencement d’expiation. Au contraire, il maudit Caïn. Vainement le fratricide voudrait se dérober par la mort au souvenir de son crime. Il le condamne à vivre, chargé d’une double infamie, son crime et son désaveu. Telle est l’ignorance de notre Dieu. Il n’en prend les apparences que pour ne pas laisser ignorer à l’homme prévaricateur ce qui lui reste à faire.

— Cependant, quand il s’agit de Sodome : « Je descendrai, dit-il, et je verrai s’ils ont accompli dans leurs œuvres la clameur venue jusqu’à moi. S’il est ainsi, je le saurai. » Je vous le demande. Pouvait-il mieux exprimer son incertitude par suite de son ignorance et le désir de connaître ?

— Oui ; mais cette façon de parler, nécessaire pour renoncé d’une sentence, ne cacherait-elle pas sous sa forme interrogative, au lieu du doute, l’expression de la menace ? Prends-y garde d’ailleurs. Si un Dieu descendu sur la terre pour accomplir ses jugements, parce que d’autres moyens d’exécution lui manquent, te paraît si ridicule, du même coup tu fais le procès à ton Dieu. Ton Dieu n’est-il pas descendu sur la terre pour y opérer la rédemption qu’il méditait ?