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repentira jamais de la justice : il ne reste plus maintenant qu’à connaître en quoi consiste le repentir de Dieu. S’il arrive à l’homme de mêler trop souvent au regret de ses prévarications le repentir d’un bienfait qu’il a placé sur un ingrat, il ne faut pas croire qu’il en soit de même de la divinité aussi incapable de commettre le mal, que de condamner le bien ; il n’y a pas plus de place chez elle pour le mal, que pour le repentir du mal. La même Ecriture fixe tous les doutes là-dessus. Écoutons ! C’est Samuel qui parle à Saül : « Le Seigneur a déchiré aujourd’hui entre tes mains le royaume d’Israël, et il l’a livré à un autre meilleur que toi. Israël sera divisé en deux parts. Or, celui qui triomphe en Israël ne pardonnera point, et ne se repentira point. Est-il homme pour se repentir ? » Ce principe établit la différence qui sépare le repentir divin d’avec le nôtre. Il n’a pour origine ni l’imprévoyance, ni la légèreté, ni la condamnation d’un bien imprudemment exécuté, ou d’un mal méchamment commis par le Créateur. Quelle en sera donc la nature ? Elle resplendit, si vous n’entendez pas le repentir à la manière humaine. On n’y trouvera rien autre qu’un changement de la volonté primitive, admissible et irréprochable dans l’homme, à plus forte raison dans la divinité dont toutes les volontés sont pures. Chez les Grecs, le mot repentir[1] se compose de deux autres qui signifient non pas l’aveu d’un tort, mais le changement d’une volonté qui de la part de Dieu se gouverne d’après les modifications de notre humanité.

XXV. Pour en finir avec toutes les difficultés de même genre, continuons de justifier les abaissements, infirmités, ou inconvenances dont vous faites si grand bruit contre la divinité.

— « Adam, où es-tu ? s’écrie le Seigneur. Le Seigneur ignorait donc où il était ? Et quand il se cache, son maître ne

  1. μετα-νοεῖν