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le Seigneur rachète l’a me de ses serviteurs. » Voilà, entre mille, quelques préceptes empruntés aux Ecritures du Créateur. Rien ne manque, j’imagine, au témoignage de son infinie bonté, ni les préceptes de charité qu’il établit, ni les récompenses qu’il promet.

XX. Ainsi que la sépia, que la loi antique avait en vue quand elle interdisait ce poisson comme immonde, les hérétiques, dès qu’ils sentent qu’ils vont être saisis, répandent adroitement autour d’eux les ténèbres du blasphème, en écartant et en obscurcissant tout ce qui fait briller la bonté divine. Mais suivons leur malice à travers ses nuages. Traînons au grand jour de la lumière l’esprit de ténèbres, faisant un crime au Créateur d’avoir recommandé aux Hébreux d’enlever l’or et l’argent des Egyptiens. Eh bien ! ô le plus extravagant des sectaires, je te prends toi-même pour juge. Examine d’abord les droits de l’un et de l’autre peuple ; puis, prononce sur l’auteur du précepte. D’une part, l’Egyptien redemandant à l’Hébreu ses vases d’or et d’argent ; de l’autre, l’Hébreu, appuyant ses réclamations sur des contrats inviolables, montrant les sueurs de ses pères, et revendiquant le salaire de sa douloureuse servitude, en échange des briques qu’il avait transportées, des cités et des maisons qu’il avait bâties. Panégyriste du dieu exclusivement bon, quelle sentence va sortir de ta bouche ? Condamneras-tu l’Hébreu à reconnaître sa supercherie, ou l’Égyptien à s’avouer son débiteur, ainsi que se termina le différend, suivant une tradition ? Car les deux peuples ayant traité leurs réclamations par des ambassadeurs réciproques, les Egyptiens, dit-on, renoncèrent volontairement à leurs vases.

Aujourd’hui toutefois les Hébreux opposent aux Marcionites de plus hautes prétentions. « A n’estimer le travail de six cent mille individus qu’une pièce d’argent par jour, pendant une longue suite d’années, la valeur des vases emportés par nous, quelle qu’elle fût, était une compensation insuffisante. De quel côté sont donc les obligations ?