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VIE
DE TERTULLIEN.

Quintus - Septimus - Florens Tertullianus naquit à Carthage, vers l’an 150 de Jésus-Christ, selon les conjectures les plus probables ; car on ne sait rien de positif sur ce point. Il était fils d’un centurion, qui servait dans la milice du proconsul de l’Afrique. On croit que sa famille était patricienne. Ses propres déclarations attestent qu’il avait reçu le jour dans le paganisme : « Autrefois, dit-il, nous insultions à la religion du Christ, comme vous le faites aujourd’hui. Nous avons été des vôtres ; car on ne naît pas Chrétien : on le devient. » Il avoue ailleurs qu’il avait été long-temps sans aucune lumière et privé de la connaissance du vrai Dieu ; qu’il avait pris plaisir aux cruels divertissements de l’amphithéâtre ; qu’il se reconnaissait coupable de toute espèce de prévarications, sans même en excepter l’adultère, et qu’il n’était au monde que pour pleurer ses fautes dans les austérités de la pénitence.

Il faut savoir gré à Tertullien des tristes confidences qu’il livre à la publicité. L’humilité du pécheur repentant a voulu expier les souillures du vieil homme par ces aveux, et glorifier la grâce qui avait fait de lui un homme nouveau. Mais, quand même ces aveux ne fussent pas sortis de sa bouche, il eût été facile de conjecturer qu’une âme, ardente comme la sienne, et sans frein pour la retenir au milieu des désordres du paganisme, avait dû faire plus d’un naufrage. Ajoutez à cela le climat dévorant de l’Afrique, les passions qui bouillonnent sous ce soleil, et l’àpres énergie de ses mœurs, qui, du temps même de saint Augustin, n’avaient pas encore perdu leur fougue ni leur rudesse. Aussi, quand Tertullien s’adresse à la volupté, on voit qu’il la flétrit comme