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il y arrive souvent, encore que son style soit quelquefois chargé de termes de scholastique. Mais il est violent ; mais il forge souvent des expressions nouvelles et pleines d’énergie ; mais il a a des ironies qui brûlent. Dans la discussion il apporte une mauvaise foi philosophique admirable. Il ne répond pas aux objections. Il va devant lui, dans la ligne droite des déductions de son principe. Il ne doit pas chercher à convaincre celui avec qui il discute, car il croit, sans aucun doute, que, comme lui-même, chacun a son siège fait. C’est pour les indifférents, pour le public, pour « la galerie » qu’il se débat, qu’il s’agite, qu’il parle, qu’il écrit. Il sait bien qu’on ne fait des prosélytes que parmi les profanes, qu’on ne gagne que les indifférents et qu’on ne convertit pas ses adversaires.

Toutes ces qualités et tous ces défauts composent un homme d’une étrange originalité. Comme tous les hommes singuliers, M. Guesde a de la séduction. Il séduisit d’abord les jeunes gens de la réunion du café Soufflet. Il leur