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unis par les liens d’une camaraderie de quartier Latin, par de communes aspirations démocratiques et socialistes. Ils étaient d’accord surtout parce qu’ils manquaient de doctrine.

Leur petit groupe s’était formé en 1873 et 1874. Ils se rencontraient chaque jour dans un café situé au coin du boulevard Saint-Michel et du boulevard Saint-Germain, le café Soufflet.

Tandis que les ouvriers, en l’absence de toute direction socialiste, allaient au système coopératif et se préparaient à demander des lois nouvelles et non pas une révolution, les jeunes bourgeois du café Soufflet, également sans maître, se reportaient aux considérants et aux votes de l’Internationale ; ces considérants et ces votes étaient tout ce qu’ils connaissaient « du socialisme scientifique ». Or ils voulaient être des « socialistes scientifiques », ce mot ambitieux sonnait bien à leurs jeunes oreilles. Il leur donnait devant eux-mêmes de l’importance. Un autre sentiment, plus élevé, les me-