Page:Terrail - La France socialiste.djvu/331

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des siècles à établir avec leurs chemins vicinaux, les prolétaires modernes l’établissent en quelques années avec les chemins de fer.

L’organisation du prolétariat en classe et par suite en parti politique est sans cesse détruite par la concurrence que les ouvriers se font entre eux. Mais elle renaît toujours, et toujours plus forte, plus ferme, plus puissante. En profitant des divisions intestines des bourgeois, elle les oblige à garantir légalement certains intérêts de la classe ouvrière : par exemple, la loi de dix heures de travail en Angleterre.

Les divisions de la société favorisent de différentes manières le développement du prolélariat. La bourgeoisie vit dans un état de guerre perpétuelle ; d’abord contre l’aristocratie, puis contre cette catégorie de la bourgeoisie dont les intérêts entrent en contradiction avec les progrès de l’industrie, toujours enfin contre la bourgeoisie des pays étrangers. Dans toutes ces luttes elle est obligée de faire appel au prolétariat, d’user de son concours et de l’entraîner ainsi dans le mouvement politique. Par conséquent la bourgeoisie fournit au prolétariat les éléments de son progrès, c’est-à-dire des armes contre la bourgeoisie.

De plus, ainsi que nous venons de le voir, des parties constituantes de la classe dominante sont rejetées tout entières dans le prolétariat par le progrès industriel, ou sont menacées dans leurs conditions d’existence. Elles apportent au prolétariat de nombreux éléments de progrès.

En dernier lieu, au moment où la lutte des classes approche de sa crise, le mouvement de dissolution de la classe régnante et de la société tout entière prend un caractère si aigu et si violent, qu’une fraction de la