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le plus fort : Vive la révolution ! À bas les frontières ! il en est bien peu qui, pris à part, ne seraient point bons patriotes et qui, mis dans l’alternative de servir la patrie ou de la trahir, ne la serviraient pas[1].

  1. Voici, à titre de curiosité, un manifeste des socialistes d’Alsace-Lorraine aux socialistes français :

    « Citoyens,

    « Plus que jamais la bourgeoisie a intérêt à fomenter les haines nationales et le patriotisme chauvin, si propre à détourner les yeux du peuple de son véritable ennemi les exploiteurs : le capital est international ; il ne connaît pas de frontières et toutes les bourgeoisies sont d’accord quand il s’agit de défendre les intérêts de la haute finance contre un peuple en armes pour sa liberté ou lorsqu’il s’agirait d’écraser l’Internationale des travailleurs. Mais le flot de la révolution sociale grandit. Les ouvriers français, après la sanglante et héroïque défaite de 1871, relèvent la tête, leur parti fait de nouveau trembler la bourgeoisie et se prépare pour la lutte décisive ; le parti allemand, obligé d’agir secrètement par les infâmes lois contre les socialistes, n’en est nullement affaibli et n’attend que le moment de se débarrasser de ses oppresseurs ; l’œuvre socialiste enfin pénètre dans les coins les plus éloignées du globe et réunit tous les opprimés autour du drapeau rouge.

    « Les ouvriers de l’Alsace-Lorraine, dont on voudrait faire un objet de discorde entre les deux peuples les plus grands du continent, ont une mission bien noble. Unis à la France par presque un siècle de glorieuses révolutions, une annexion des plus injustes, les faits combattu contre le même ennemi que les ouvriers allemands, contre ce gouvernement impérial qui lui aussi contribua pour sa part au massacre des prolétaires en 1871. Cette situation impose au prolétariat Alsacien-Lorrain la noble