sairement, du moins très probablement, le charriage vers le nord de toutes ces montagnes, c’est-à-dire leur origine méridionale, et l’unité du pli de Glaris. Encore quelques années, et nous saurons, par M. Maurice Lugeon et par M. Henri Douvillé, que si Marcel Bertrand, en 1897, n’a pas vu l’effrayante complexité des phénomènes et n’a pas eu le loisir de dénombrer les nappes superposées, il a, du moins, raisonné juste, et que ses conclusions subsistent. Lorsqu’il avait parlé, en 1884, à propos des Alpes de Glaris, de l’hypothèse des masses de recouvrement venues du sud, il n’avait pas été compris, et sa voix n’avait éveillé aucun écho. Mais les temps sont changés, et l’on s’est peu à peu habitué, grâce à lui et à quelques autres, aux charriages lointains. Maintenant qu’il parle des Alpes bernoises, tout le monde, religieusement, l’écoute, sentant bien que c’est lui qui a raison, que c’est lui qui voit la solution du problème : et l’on ne s’étonnera plus, cinq ans après, lorsque M. Maurice Lugeon, l’un de ses plus brillants élèves, achèvera la démonstration et annoncera que la majeure partie des Alpes suisses est formée de nappes jetées les unes sur les autres. Toute la synthèse de ces Alpes est en germe dans deux notes de Marcel Bertrand : celle de 1884 sur le problème de Glaris ; celle de 1897 sur les Alpes bernoises, pour la rédaction de laquelle il a eu M. Golliez comme collaborateur.
C’est en Russie, dans les réunions et les excursions du Congrès géologique international de Saint-Pétersbourg, que Marcel Bertrand va achever l’été de 1897, et se reposer de ses courses alpines et de ses méditations sur les charriages de l’Oberland. Le voyage à travers l’immense pays russe, en compagnie de ses bons amis, Emmanuel de Margerie, Karpinsky et Tschernyscheff, est pour lui comme une fête continuelle, où les jouissances de l’esprit alternent avec les propos plaisants et les gaies aventures. Jamais il n’a écrit à sa famille de lettres aussi drôles que